Entreprendre solidaire dans les collines

Il était une fois un pays d’Afrique, qui ressemblait à la Belgique, non pas par sa taille, plus grande, mais bien par le nombre d’habitants.

Ce pays lui ressemblait aussi en saison des pluies par les couleurs vertes de sa végétation.

Et puis, surtout au travers de la chaleur paisible de ses habitants.

Et les routes me diraient vous ? Et bien, ça dépend, c’est selon … les travaux, les pluies et les écoulements d’eaux la rendent accidentée, mais nous connaissons aussi ça par chez nous, n'est-ce pas ?

Nous connaissons moins bien les accidents de camions surchargés et renversés, les chèvres, les mobylettes, les véhicules en panne, et les voitures penchées sous le poids de ce qu’elles transportent …

Le peuple du Bénin est en plutôt paisible et accueillant. Malgré les difficultés financières et les injustices sociales qui sont subies chaque jour, les femmes et les hommes que nous rencontrons ne nous harcèlent pas de demandes d’argent. Nous les « Yovos », les blancs, sommes salués, et regardés avec beaucoup de gentillesse et de larges sourires.

Tout au long des journées qui sont maintenant derrière nous, nous avons rencontré des personnes simples, aux parcours variés. Ces échanges avec les bénévoles et la population sont parfois arrivés sur un terrain de vraie confiance mutuelle.

Pour exemple, la séance de conseils santé dont un des textes précédents fait mention : ce fut, aux dires des quatre membres de l’UCP qui ont animé la formation, le moins bon apport que nous avions préparé. En effet, des participants leur ont dit : tout ce que vous dites est intéressant, mais cela ne nous concerne pas tout à fait, car nos problèmes de santé sont différents.

Et bien voyez-vous : nous sommes heureux ! Une relation d’égal à égal a été instaurée.

Ce n’est qu’en osant nous critiquer que nous avancerons ensemble dans le bon sens.

En parlant de SENS, mercredi, l’ensemble du groupe est parti à la rencontre de ce projet supporté par une Région de France. Il s’agit d’une pépinière d’entreprises solidaires.

Au Bénin, il manque d’industries de production mais aussi de transformation. Il manque des emplois structurés de telle manière qu’une sécurité sociale forte puisse s’instaurer, sur base d’un système de prélèvement de cotisations salariales et patronales. 90 % de l’économie est informelle !

Ce projet est aussi financé au travers d’un fond d’investissement privé, dont les actionnaires deviennent, jusqu’à présent, des associés, ce qui l’apparente au fonctionnement d’une société coopérative.

Il s’agit de permettre à des jeunes entrepreneurs, eux-mêmes associés, de lancer leur projet en instaurant dès le départ les principes d’une charte.

Cette charte repose sur des valeurs fondamentales. Entr’autres, nous pouvons retenir : favoriser le développement économique local, toucher la population vulnérable, générer des revenus, respecter la santé et la sécurité des travailleurs, protéger l’environnement, et aussi partager le pouvoir (concertation, transparence et gouvernance participative).

Cette pépinière d’entreprise, lancée il y a trois ans, produit du miel, des huiles essentielles, des matériaux locaux de construction, des jus de fruits vitaminés, un engrais et du pesticide entièrement naturels. L’agriculture locale et familiale est intégrée de fait dans ce projet.

En devenir, un projet super intéressant « d’entreprises d’énergies villageoises ».

Au Bénin, il y a encore de nombreux villages situés au bout d’une piste, sans électricité. L’idée est d’y développer des services de proximité en un même lieu, de créer un lieu de rassemblement, de cohésion sociale. La pépinière d’entreprise mettrait à disposition de l’énergie électrique (groupe électrogène pour commencer), une plateforme en dur pouvant accueillir les artisans locaux, une buvette, une poissonnerie, une photocopieuse, un lieu consacré à la recharge des batteries des gsm, un dépanneur tv et radio et la mise en location/vente de lampes rechargeables.

Quel beau projet n’est-ce pas, cette pépinière d'entreprises solidaires ?

Nous aurons ajouté notre petite pierre à l’édifice si, à notre retour, dans 2 ans, tous ces travailleurs cotisaient à la mutuelle de santé. Car nous n’avons pas manqué d’en faire la promotion :-) !

Et l’atelier cuisine ? Notre surprise fut grande lorsque nous avons découvert que la majorité des participants béninois était « chef coq » dans des hôtels de Dassa !!

Notre Jean-Marie a donc eu un peu de pression, mais s’en est super bien tiré. Il les a emmenés à la découverte de lapin sauce moutarde et bière brune, d’une soupe aux oignons et aux carottes, d’une salade de tomates sauce à la moutarde et basilic. J’ai pris le relais au moment du dessert qui fut créatif : une salade de fruits avec un sirop à base de citron, de sucre, de gingembre, de basilic béninois et de cannelle.

Les belges ont de leur côté participé à la confection d’un poulet "bicyclette" cuit à l’eau, puis grillé, et de la pate rouge, à base de farine de maÏs et de la sauce tomate.

Nous avons passé 3H00 aux fourneaux, et n’avons pu qu’admirer la dextérité et le savoir faire de nos hôtes, qui avec peu de moyens font des plats de qualité.

Nous avons terminé cette activité autour d’une grande tablée, et avons goûté chaque plat avec beaucoup de délectations de part et d’autres.

Et Pause Santé ?

Ils sont finalement 16 à avoir reçu leur diplôme d’animateur. La cérémonie de remise des diplômes s’est tenue mercredi à 18 heures, nous étions tous présents. Quelle belle émotion de voir se concrétiser ce projet particulier qui a demandé tant de préparation en amont. Quel bonheur de voir la fierté de chacun, des jeunes trentenaires, des jeunes aînés et des personnes très âgées, hommes et femmes.

Nous n’avons pu qu’applaudir, nous verrons dans deux ans l’avancée de ce projet.

Aujourd’hui, la journée complète fut consacrée à la découverte des danses wallonnes et béninoises. ceci fera l'objet d'un autre article.

Meilleures salutations à toutes nos lectrices et à tous nos lecteurs !